Lorsque la logique commerciale de certaines grandes entreprises s’empare du discours éthique, il est trop souvent évident que, derrière un discours exhibant fièrement des valeurs toutes plus enviables les unes que les autres, se cache la volonté de revêtir la logique du profit d’un habit aussi vertueux que trompeur.

Pour autant, faut-il vraiment renoncer à croire que la nécessité de concevoir, de produire, de vendre peut se conjuguer avec ce qui définit une vie bonne ?
Exprimé plus simplement, il s’agit d’examiner la manière dont l’intérêt le plus immédiat de celui qui produit pour vivre peut intégrer des règles qui vont faire de son travail une pratique authentiquement enrichissante, source d’un développement harmonieux pour l’humanité et pour son environnement.
A l’origine de Juin fait le lin, qui souhaite développer les usages des fibres naturelles locales, il y a la volonté de répondre concrètement à cette interrogation.
Il règne aujourd’hui une sorte d’ambiguïté entre le terme « morale » (qui n’a pas bonne presse) et le terme « éthique ». Le terme « morale » renvoie à une forme d’étroitesse d’esprit ou à une source d’intolérance. Le mot « éthique » quant à lui semble apporter à tout discours un supplément d’âme.
En réalité qu’il s’agisse de morale ou d’éthique il s’agit toujours de répondre à la question « Que dois-je faire ? » (Kant) . L’esprit humain vise l’efficacité mais aussi et peut-être d’abord le sens et la valeur de son action. L’homme ressent le besoin de situer son engagement. Son investissement, la peine prise à produire et à transformer la nature, l’action économique la plus élémentaire touche nécessairement à la problématique de l’éthique.
Produire aujourd’hui un vêtement répond au besoin le plus ancestral de l’humain et à la nécessité pour lui de vivre et de continuer à vivre. Mais il s’agit bien de produire au 21ème siècle , il faudrait être aveugle, inconscient ou criminel pour ignorer les cicatrices béantes d’une nature violentée par une humanité irresponsable ;
Oui il faut vivre, se nourrir se loger, s’habiller mais c’est à frais nouveau qu’il faut penser la conception, la réalisation, la distribution.
Beaucoup pensent qu’une idée vraie est une idée qui réussit; le culte du résultat l’emportant sur tout examen des intentions, libérant ainsi la morale de tout principe supérieur. Il ne faudrait plus prendre en compte qu’une réussite au goût de profit et de confort.
Et si la seule réussite à poursuivre était de réconcilier l’homme avec le travail et, par la façon de travailler, le réconcilier avec une nature dont il a oublié qu’elle n’était pas inépuisable.

L’Ethique consisterait donc à intégrer toutes les dimensions de l’existence dans le travail. Un travail qui ne dépossède pas l’homme de tout ce qu’il produit. Un travail qui, en enrichissant l’individu, enrichit l’ensemble de la communauté humaine. Un travail qui prend soin de préserver les conditions écologiques.
Le respect de la nature, la réparation des séquelles de son exploitation débridée, apparaissent comme des principes incontournables d’une action qui se voudra éthique.
En conclusion nous pouvons convoquer dans cette réflexion de Juin fait le lin la belle formule du philosophe allemand Hans Jonas :
« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre »
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